vendredi 27 janvier 2012

L'ultra-gauche est morte...c'est pas très grave !! (SUITE)

CP. Pratiquement ça donne quoi?  au quotidien ? je trouve que c'est assez vague ! Tu peux développer cette mort de l'ultra-gauche ?  

VOSS : Je vais commencer par la mort de l'ultra-gauche...parce qu'il y a un lien évident sur la pratique, le militantisme politique.
Je vais essayé de te faire une réponse construite. Je vais allé du général au particulier...du plus important au plus léger avec pas mal de subjectivité dans cette analyse.

Cette réflexion sur la mort de l'ultra-gauche elle date de la Critique de l'idéologie ultra-gauche (1969)  de J.Barrot, on peut dire que dès qu'il y a idéologie en sens marxien c'est mort. 

Une période révolutionnaire engendre des processus, révèle des groupes, des idées, des combats et des pratiques et dès qu'il y a reflux, les idées issues de ces moments se fossilisent parce qu'elles ne correspondent plus à rien... et donc l'ultra-gauche historique est morte dans les années 30.(1)

Ceci après la victoire des fascismes, la victoire du stalinisme dans une phase particulière de structuration du capital. On peut aussi dire que c'est la défaite du combat prolétaire de manière générale écrasé par ses ennemis.

Je parle de l'ultra-gauche historique pas de l'étrange amalgame qui assimile anars et Gauche communiste germano-hollandaise encore plus grave à mon sens est la faute de l'accoler au Bordiguisme qui est un léninisme, ce genre de conneries c'est bon pour C. Bourseiller et les journalistes qui fabriquent de l'anarcho-autonome pour vendre du papier.

Maintenant ce que je vais te dire c'est pourquoi l'ultra-gauche est devenue une idéologie...une marchandise intellectuelle radicale pour prof pas plus...

Je fais pas du sociologisme là, ou quelque chose pour dénigrer, mon propos c'est d'expliquer comment quelques facteurs articulés, font que maintenant, c'est cette profession que tu retrouves le plus dans le production du  communisme théorique, ou dans des groupes militants, des anars à l'extrême-gauche.

Mais pour l'ultra-gauche est encore plus flagrant et spécifique.

Alors 1)

L'atomisation et le replis sur de petites entités militantes, ce qu'on peut appeler une conception nucléaire du communisme c'est du à la répression et à l'échec du projet révolutionnaire.
Ca tu peux l'articuler aussi à :

2) Une constitution identitaire légitime, mais qui porte ses limites, et son retournement, par rapport au léninisme. L'ultra-gauche s'est sur-déterminée par rapport au bolchevisme à la lutte contre l'avant-gardisme ce qui a donné une idéologie de l’absence dans la durée et le refus de l'organisation (refus du parti) ça au bénéfice de petites structures théoriques ultra-spécialisées autour des textes.

Comment veux-tu qu'avec le temps l’ultra-gauche au sens large, existe encore pratiquement ?

En ce qui nous concerne nous refusons le parti et l'avant-gardisme. Mais si l'ultra-gauche idéologique et morte à culpabilisé son intervention dans les années 70-90, c'est qu'elle se sentait extérieure à la classe en lutte, elle a produit un discours légitimant son extériorité, pour les plus honnête paradoxalement ils sont revenus à l 'idéologie de leur classe, le léninisme, idéologie de la petite bourgeoisie autoritaire (Voir le CCI).

L'ouvrage de la période assez significatif (en ce qui me concerne) d'ailleurs de l'ultra-gauche des années 70 c'est La contre-révolution bureaucratique édité chez 10-18. Il est plein de textes majoritairement et légitiment (pour la période) contre le léninisme.

Même si théoriquement, les choses qui ont été produites peuvent être stimulantes et fournir des outils de compréhension du capitalisme et de son anthropologie, pour certains l'histoire s'est arrêtée dans les années 20 !

3) Le monde du capital c'est le monde de la spécialisation, les groupes militants ont pas échappé à ça ils reproduisent la division du travail dans les groupes militants séparés de fait, avec uniquement des profs intellectuels…ceux qui par leur formation on eu le temps d'accéder à un type de connaissances, dont-ils font très systématiquement commerce (symbolique ou comme marqueur social ou en vive dans les institutions étatiques).

Je me répète un peu mais:

Le caractère sectaire de l'ultra-gauche a été accentué par le reflux de 68 et son repli polico- communautaire, avec ses petits chefs enculeurs de mouche. (sans m'étendre ici sur les égos) C'est l'époque de la glaciation !

Avec ça certains abandonnaient le marxisme ou faisaient des synthèses du type bordigo-psychédélique déconnectées du mouvement réel, puisqu'ils n'y étaient pas.

Entre les déclassés qui cherchent une place et une reconnaissance et les FUTURS profs, avocats, traducteurs ou directeurs du marketing, DRH, ou financier !..tu dois bien comprendre pourquoi l'esthétique radicale et le "révolutionnarisme" était, est un truc...normal.

Bon là c'est mon coté ouvriériste.

Je n'ai jamais rencontré d'ouvriers ou d'employés (ou alors c'est l'exception) au sens sociologique du mot. Et là je fais une digression perso...humainement c'est très superficiel et triste. Entre les fils DE et les héritiers, la petite bourgeoisie est sur-représentée ! Par exemple, elle n'a jamais de soucis pour se défendre en cas de problèmes avec la justice....papa et maman sont jamais loin (etc..). Cela donne une approche du réel complètement différente. (le "prix a payer" pour la révolte et l'engagement n'est pas la même pour tous)


Mais  théorique aussi !
 
Tu connais la phrase de marx : Ce n'est pas la conscience des hommes qui détermine leur existence, c'est au contraire leur existence sociale qui détermine leur conscience.

J'en garde sous le coude là...mais avec ce constat tu dois bien te dire qu'il y a des problèmes et qu'il faut redéfinir pas mal de chose pour en finir avec l'hypocrisie et l'idéologie.

C'est comme ce truc de la communisation c'est un truc à la Garcimore ! Je trouve ça marrant ! Abracadabra !



Ya bien sur des éléments mineurs propres aux groupes sociaux repliés sur eux-mêmes, comme la volonté de se distinguer, comme la création d'un charabia théorique (excluant/incluant l'Autre)...au premier niveau et au début, c'est marrant tu as l'impression de déchiffrer du hiératique pour trouver les hiéroglyphes...et puis tu te dis non mais ça doit être crypté en plus ! Mais non c'est simplement la langue d'un type dans son coin qui se comprend. Il n'y a pas de volonté de transmettre, de partager ou de donner. Etre simple c'est pas rompre avec la complexité. Voila une piste à bosser.

Pour moi (le verbiage de plus en plus littéraire d'ailleurs mais c'est une autre histoire) c'est le symptôme de la séparation d'avec le mouvement réel et du clivage d'une classe sociale productrice du discours "théorique communiste" d'avec son objet....la révolution.

Nous sommes tous clivés, attention ! ya pas de pureté à défendre ou une praxis politique qui flotte comme ça dans les nuages ...et puis, faut pas prendre ce que je dis sur les ultra-gauche salonnardes ou les universitaires bourgeois (pléonasme) trop durement. Le mouvement réel se chargera de faire le tri. En attendant ya des choses qui peuvent nous servir !! Peut-être à remettre à l'endroit dans une logique classiste !

Je pense que je termine là pour la mort de l'ultra-gauche, et puis en fait pour connaitre le goût du pudding faut le manger !





[ A SUIVRE ]

1 Voir L'introduction de Serge Bricianer dans Herman Gorter Réponse à Lenine Ed SPARTACUS.

mardi 24 janvier 2012

José Mário Branco - Qual é Coisa Qual é Ela (Elogio do Comunismo)





Qual é coisa, qual é ela
Que é tão simples, tão sensata
Como a sopa na panela
Como um sorriso de prata
Das crianças esquecidas
Qual é coisa qual é ela
Que não sabes o que é
Mas andas sempre atrás dela
Dor a dor, pé ante pé
A bricar às escondidas
Quente, quente...
Companheiro um passo mais
Se és explorado como
tantos teus iguais
Hás-de entender como
vencer a exploração
Abre os olhos para o futuro
olha o fruto já maduro
Na raíz da tua condição
Qual é coisa, qual é ela
Para os ricos horrorosa
Mas para os pobres a mais bela
Para os ricos criminosa
Para os pobres justiça
Qual é a rosa de maio
Que gela o riso nervoso
Do patrão e do lacaio
Não agrada ao cobiçoso
Porque é o fim da cobiça
Quente, quente...
Companheiro um passo mais
Se és explorado como
tantos teus iguais
Hás-de entende como
vencer a exploração
Abre os olhos para o futuro
olha o fruto já maduro
Na raíz da tua condição
Qual é coisa, qual é ela
Que é possível conquistar
Se a gente lutar por ela
Que não é para complicar
Mas sim para resolver
A nova ordem que acaba
Com a diferença de classes
entre o que come e o que lavra
Qual é coisa que é tão fácil
E tão difícil de fazer
Quente, quente...
Companheiro um passo mais
Se és explorado como
tantos teus iguais
Hás-de entende como
vencer a exploração
Abre os olhos para o futuro
olha o fruto já maduro
Na raíz da tua condição.

jeudi 19 janvier 2012

Paul Mattick - Marxisme, dernier refuge de la bourgeoisie ?

Vient de paraître au éditions ENTREMONDE 
 
Paul Mattick - Marxisme, dernier refuge de la bourgeoisie ?
 
Essai traduit de l’anglais (États-Unis) par Daniel Saint-James 
 
Œuvre posthume de Paul Mattick (1904-1981), Marxisme, dernier refuge de la bourgeoisie ? fut la dernière expression de toute une vie de réflexion sur la société capitaliste et l’opposition révolutionnaire. Connu surtout comme théoricien des crises économiques et partisan des conseils ouvriers, Paul Mattick fut aussi un acteur engagé dans les événements révolutionnaires qui secouèrent l’Europe et les organisations du mouvement ouvrier au cours de la première moitié du XXe siècle. À l’âge de 14 ans, il adhéra à l’organisation de jeunesse du mouvement spartakiste. Élu au conseil ouvrier des apprentis chez Siemens, Paul Mattick participa à la Révolution allemande. Arrêté à plusieurs reprises, il manque d’être exécuté deux fois. Installé à Cologne à partir de 1923, il se lie avec les dadaïstes. En 1926 il décide d’émigrer aux États-Unis. L’ouvrage présent est organisé autour de deux grands thèmes. Poursuivant son travail de critique de l’économie capitaliste contemporaine (Marx et Keynes, les limites de l’économie mixte, Gallimard, rééd. 2011), Paul Mattick revient sur les contradictions inhérentes au mode de production capitaliste. S’ensuit un réquisitoire contre l’intégration du mouvement ouvrier qui, en adoptant les principes de la politique bourgeoise, a abandonné définitivement toute possibilité de dépassement du capitalisme. Un texte éclairant pour une période où la crise dévoile la nature instable et socialement dangereuse du capitalisme.
 
Editions ENTREMONDE 20.00 € 416 pages / ISBN: 978-2-940426-18-8

dimanche 1 janvier 2012

L'ultra-gauche est morte...c'est pas très grave !!

Nous retranscrivons ici une discussion enregistrée avec des camarades portugais proche du communisme de conseils. Suite à une rencontre à paris au mois d'octobre 2011.

Pour plus de facilité 
CP = camarades portugais
Voss= Vosstanie


CP. Tu peux nous faire une présentation rapide de Vosstanie et nous faire un petit historique ?

VOSS:  rapidement ...je sais pas si je vais y arriver c'est quelque chose qui a déjà presque 15 ans ! avec des apparitions éphémères et puis des disparitions tous ça en fonction de nos vies nos envies et puis des événements.
Pour être chronologique il faut dire que Vosstanie c'est la transformation d'une petite revue clandestine (le chien aboyant à la lune) en groupe d'édition ADEL devenue ADEL-SPARTACUS Ensuite.
ADEL est née en 1996 dans la rue dans une manif autour d'une discussion autour d'une brochure des éditions AB IRATO, brochure qui a pour titre AU-DELA DES PASSE-MONTAGNES DU SUD-EST MEXICAIN brochure écrite par Sylvie Deneuve, Marc Geoffroy et Charles Reeve. Il y a eu un débat sur MARCOS et le nationalisme en milieu libertaire et" l'exotisme" propre à cette lutte qui ne faisait aucune critique de l'éthnisme et de positions qu'on aurait qualifié d'identitaire maintenant. En fait il y a eu un accord sur notre rejet des luttes de libération nationale propre à certaines franges du milieu "anar" au sens large.

Pour certains on venait du milieu anars fédérés et de son anarchisme culturel et un peu folklo dit  "synthésiste" théorisé par Sébastien Faure et teinté de celui de Maurice Grincheux (Joyeux) d'autres venaient de milieux  pro-situ  ou de l'autonomie. C'était un truc en bouillonnement, Debord était mort ya deux ans, c'était 1 an après nov- décembre 1995...


En ce qui me concerne j'étais donc à la FA et je me suis pris Marx dans la tronche par le communisme de conseils (Gorter, Rühle, Pannekoek) et la lecture d'une compilation de la revue Bilan (Revue d'un courant de la gauche communiste Italienne) préfacé par Jean Barrot (Gilles Dauvé) plus précisément son analyse sur la" transition démocratique" au Portugal (la révolution des œillets).

C'est surtout grâce à des rencontres, je vais pas citer les noms des personnes parce c'est un truc perso et que ça n'a pas beaucoup d’intérêt, mais je pense que les rencontres d' individus sont importantes enfin jusqu'à un certain niveau mais on pourra en re-parler après.

CP. Tu as l'air ironique en parlant des anarchistes je me trompe ?

Non pas du tout. Enfin j'ai une expérience simplement mitigée et peut-être paradoxalement nostalgique d'une certaine naïveté. J'ai un profond respect pour les camarades anarchistes mais je connais aussi les limites du courant, ses apories. J'ai autant d'admiration pour la "pratique" anarchiste que de rejet. C'est sa force autant que sa faiblesse. Les anars sont surtout de bons historiens de leur mouvements, le reste, théoriquement je veux dire, est un peu faible mais cette faiblesse est compensée par une pratique forte, radicale, mais qui s'avère avec le temps qui passe plus radicalement réformiste. Peut-être que c'est un peu inévitable pour un groupe, une organisation politique qui ne change pas le monde ! c'est le monde qui te change !
Après paradoxalement les anars fonctionnent un peu comme des léninistes ils sont très avant-gardistes finalement, surtout avec cette ambiguïté de l'orga spécifique et du syndicat. C'est un fantasme FAI(iste) incroyable !


CP.
Vous définissez vous comme communiste de conseils ? et quel rapport entretenez vous avec ce courant parce nous avons regardé vos positions et on a l'impression de lire le programme du CCI  (courant communiste international) .
 
En ce qui me concerne et je parle en mon nom, l'héritage est multiple mais la base de mon engagement me porte à me revendiquer de la tradition du communisme des conseils.
Ceci sans fétichiser une forme, ou la forme conseil qui ne garantie rien ! J'ai nourri mon engagement par la lecture de SoB (Socialisme ou Barbarie ) mais aussi de théoriciens de l'anarchisme (Malatesta, Berneri,) de l'IS jusqu'à l'école de Francfort ceci en évitant l’éclectisme et c'est pas facile d'être rigoureux avec ces références qui te tombent dessus quand tu es ado.

Pour faire un peu pédant je vais dire que
méthodologiquement j'ai surtout été influencé par Rubel et Barrot c'est un drôle de pâté d’alouette on peut dire mais c'est comme ça que j'ai structuré ma pensée et mes analyses. Ethiquement si je peux dire c'est une autre affaire.
Si je fais ce préambule c'est pas pour éviter ta question sur le CCI c'est pour dire que le CCI bien sûr a été sur le chemin (j'ai du faire 2 ou 3 réunions publiques) et ça été très très rapide de zapper cette orga complètement léniniste, paranoïaque et quasi complotiste. Ce n'est pas propre à cette orga. C'est simplement le destin d'une orga qui n'est confrontée à rien si ce n'est, la construction du saint parti et qui sécrète ses propres méthodes, fantasmes, mode de survie pour exister. Je ne parle même pas ici de sociologie parce que là c'est encore plus gros ! ya pas d'ouvriers au sens sociologique chez eux et c'est même pas une critique ouvriériste que je fais, mais ya que des profs et des cadres de la fonction publiques comme dans toutes ses scissions du genre PI (1)!

Pour le programme, les positions n'appartiennent à personne ! On pourrait penser qu'on a nettoyé ce programme de son" scientisme" son "catastrophisme" son "léninisme" mais ce sont simplement les positions de la gauche Germano-Hollandaise systématisée et re-contextualisée. Dont le CCI a été l'héritier un moment au début de sa structuration, avant de basculer dans le lénino-débilisme. Nous pensons que le léninisme est une idéologie de la bourgeoisie c'est à dire élitiste, autoritaire qui ne change rien aux rapports de domination au sens large. Ya qu'a lire Jan WACLAV MAKHAÏSKI et son ouvrage
Le socialisme des intellectuels qui le disait déjà...et dire qu'il nous faut encore le dire c'est désolant.

CP. Rubel et Barrot ? tu dis ! c'est presque inconciliable !
 
Je fais pas de synthèse rassures toi ...et puis j'ai pris de la distance, je parle d'un fond, d'une réflexion qui a été possible grâce à la lecture de ces auteurs.
Après tu fais les expériences que tu peux surtout grâce à des rencontres que tu provoques ou pas. Et puis c'est sans compter avec le temps que tu as pour te pencher sur la chose "théorique" ...c'est pas évident il faut avoir le temps.
Mais je pouvais aussi te dire que l'IS et Janover ça a été important même si j'étais pas d'accord avec ce dernier sur certains points c'était très stimulant... Mais, voila encore un truc inconciliable.
En fait je veux surtout dire que ya pas un auteur particulier Korsch, Mattick Pannekoek sont importants dans la mesure ou ils donnent des outils pour analyser et lutter.
Je suis pas plus Rubélien que Pannekoekiste !
C'est pareil pour Vosstanie la matrice est claire, après libre à toi d'avoir pour référence Rosa Luxemburg dans sa version Spartakiste ou autre chose si tu arrives sur nos positions.

CP. C'est très théorique comme approche il y a des auteurs, des références, mais c'est quoi votre rapport avec les luttes actuelles ? Comment vous situez vous ? N'avez vous pas l'impression de reproduire un discours un peu vaporeux, déconnecté qui fait que" l'ultra-gauche" au sens large est morte aussi de ça !

 
Je suis pas du genre à faire dans l'anti-intellectualisme à vrai dire on réfléchis jamais assez. Dire de quoi est morte l'ultra-gauche
? je peux pas répondre directement c'est tellement vaste, déjà c'est pas très grave ! 
 

L'anti-communisme global n'a pas aidé c'est sûr, à la continuité du courant mais ya pas mal de facteurs qui peuvent expliquer sa disparition. (Voir la révolution n'a pas eu lieu
La notion d'ultra-gauche s'est tellement galvaudée...entre les médias et l'absence de culture historique c'est presque le complot de la connerie, et c'est du lourd. (Voir le concept ultra-gauche)

Que l'approche soit aussi théorique c'est inévitable le donné, l'histoire, les faits faut bien les assimiler pour savoir d’où tu viens. Est-ce que ces éléments te donnent la possibilité de savoir ou tu vas c'est peut-être un pré-supposé philosophique, pas plus. C'est un guide pour l'action c'est plus certains. Je pense qu'il faut prendre un peu de recul et c'est grâce à l'analyse des faits sociaux que tu peux comprendre l'histoire, te positionner plus personnellement pour ne pas avoir la tête dans le guidon.
 
Analyser des choses dans leurs complexités pour éviter le « bon sens » et par exemple que le monde tourne autour de soi ..c'est déjà pas mal ! Bon je suis volontairement vague dans mon explication mais l'analyse en profondeur du réel permet de creuser, d'aller au delà de la surface des choses et de pénétrer la matière sociale. Maintenant c'est pas parce qu'on arrive à expliquer qu'on arrive à transformer le réel. 

Théoriquement c'est important de renouer avec l'analyse pour par nous laisser déborder par le pathos et les simplismes. 

Après, la réhabilitation théorique relève déjà une forme de résistance psychique aux catégories du monde capitaliste qu'il faut déconstruire, même si c'est dur au quotidien de résister à un rapport social total. C'est le premier truc que tu peux poser, face aux médias de masse, aux normes, à l'éducation, je pense que c'est déjà un premier pas et c'est quelque chose de pratique !

Mais comme un mouvement de balancier on est tenté de refaire un monde dans sa tête de manière tout aussi déconnectée, et fantasmée...dans tous les cas résister, c'est résister à la fragmentation de la pensée, et à ce que j' appel la pensée dictionnaire. 

Comme cette mode des éditeurs qui vendent depuis quelques années des dictionnaires ultra spécialisés sur tous les domaines. C'est le signe que la fragmentation de la pensée est devenue presque une règle ça joue contre une pensée totale et ça permet pas d'appréhender le réel dans sa complexité.*

C'est un préalable pour aborder les questions de la transformation du monde. Je ne crois pas en la spontanéité, ya toujours plus ou moins de l'organisation au sans large, ça va de l'organisation de sa propre pensée, au militantisme, de l'histoire des luttes, à la mémoire qui circule ...c'est pas très spontané ! si certaines luttes peuvent l'être, ce que je pense, si ya pas de projet derrière, ça peut donner à peu prêt n'importe quoi ! la spontanéité ne garantie rien...mais les idées non plus ! 

Ya plein de petites orga bourrées d'idées avec des schémas qui font peur, sur une ou LA société future mais qui sont déjà mortes sans même avoir développées quelque chose sur le terrain des luttes ou dans l'histoire.

Le nœud du problème c'est toujours le même, une organisation arrive ou trop tôt ou trop tard.
Maintenant si elle est pas là est-ce que c'est la même chose ? Est-ce que ça peut être pire et jouer un frein ?

Bref, notre par rapport aux luttes actuelles parce que je fais des digressions...c'est un rapport d'organisation articulé difficilement avec des vies, d'individus dans le salariat ou pas...chômeurs certaines fois précaires le plus souvent.

Nous sommes très critiques d'un type de militantisme, déjà nous souhaitons pas créer une orga, tu comprends, une de plus ! Qui veux grossir. Tu sais "L' orga" qui se nourrie de militants pour les dévorer...
On "recrute" pas, on vends pas de " cartes " et on invite personne à nous rejoindre ! Plutôt à nous imiter ! ou à s'interconnecter quitte à ce que nous formions quelque chose de plus vaste. Mais le moteur c'est pas un appel à nous rejoindre mais une invitation à l'organisation pour déjà arrêter de s'en prendre plein la tête et de pleurnicher en attendant le "super parti" ou de critiquer les autres structures pas assez ceci ou cela.
Maintenant faut pas se mentir il nous manque plein de choses et ya plein de barrages symboliques et des habitudes, des problèmes matériels liés aussi bien à notre extraction sociale qu'a notre classe.

Nous ne nous voyons pas tracter devant une usine (supermarchés, ou lieu de concentration de salariés) comme les gauchistes faisaient ou pire devant une fac...sauf si nous sommes dedans, de ça tu peux élargir sur pas mal de choses.
Dire que nous sommes solidaires avec les luttes dans le monde arabe, ouais on peut le faire, ça mange pas de pain, mais qu'est-ce que ça veux dire ? alors ok on peu faire un tract de soutien qui sera lu par la même faune militante pas plus. Il est possible de dénoncer les limites des mouvements c'est même trop facile... alors qu'ici on est pas foutu de s'organiser correctement et d'attaquer nos propres bourgeoisies !

Parler des luttes en France...c'est tellement inter-connecté, le niveau ou nous pouvons commencer à réfléchir et à agir, je dis bien commencer c'est l'Europe et encore. Paradoxalement le ciel a jamais été aussi bien dégagé pour une critique claire du capitalisme... Tu peux bien t'agiter dans ton coin pour lutter contre les" délocalisations" je connais des amis, pas dupes d'ailleurs, qui font ça indirectement parce la nécessité les oblige, ok, rien à dire ...parce qu'il faut bien prendre un peu d'argent, histoire de pas crever le lendemain, mais tu vois bien l'impasse de ce type de luttes. Le niveau du débat en ce moment c'est pour ou contre le protectionnisme c'est pas sérieux quand tu as une analyse précise du capitalisme.

Est-ce qu'il faut attendre que la chute tendancielle du taux de profit s'occupe de foutre les gens dehors ? je dis ça ironiquement ok.. Est-ce que c'est ça ce qui se passe dans le monde arabe ?

Dans nos sociétés certains sont paralysés par la précarité et la pauvreté, les autres ou bien ils sont encore plein d'illusions grâce au jeu subtil de la carotte et du bâton quand c'est pas la peur et les dispositifs qui structurent  la mise en condition, c'est une stratégie qui dissuade toutes les remises en cause, toutes critiques. Mais d'ailleurs pour mettre quoi à la place ?
Parce que même du coté des révolutionnaires ça navigue entre le mantra pro-étatique et néo-keynésien et des formules magiques type communisation par l'opération du saint esprit.

Alors quoi ? on garde la même chose et on recommence en plus sympa ?  On distribue les "richesses" tirées de l'exploitation salariée et du travail aliéné !

S'il y a bien quelque chose qu'il faut reprendre c'est une critique globale, totale unitaire du monde...et en finir avec ce bouffe énergies que sont les luttes parcellaires.

C'est donc une organisation unitaire de combat de classe qu'il faut arriver à émailler.

[SUITE]


[1] Perspective Internationaliste. Il faudra un jour questionner la sociologie des courants révolutionnaires ceci de manière sérieuse. Sans nous balancer systématiquement qu'Engels avait des usines ou que Kropotkine était un prince.


* Voir Joseph Gabel, La fausse conscience, essai sur la réification. ou plus proche de nous Axel Honneth La Réification : petit traité de théorie critique.