dimanche 25 mars 2012

Peuple versus Prolétaire

Les rhétoriques s'affutent, les champs sémantiques se mobilisent, les mots s'entrechoquent se confondent, changent de camp quelques fois, soumis aux intérêts bien compris de la circonstance.

Que tous tombent d'accord sur l'emploi des mêmes, annonce bien plus qu'une bataille d'épiciers de la politique.

Ainsi le «peuple» fait-il son retour remarqué, dans toutes les bouches baveuses des démocrates bourgeois, ceci du front de gauche au front national. Ce qui est sûr c'est que tous sont du coté du « peuple ».

Le populus ici convoqué l'est au service du mythique intérêt général, qui n'est autre que l’intérêt de la bourgeoisie et de ses intérêts capitalistes (nationaux et internationaux).

Le «peuple» c'est encore et toujours la négation des classes et de leurs affrontements, de la violence de l'exploitation et des conditions de survie. 

Enfin quoi ! Nous dira t-on, nous sommes tous sur le même bâteau France ! Le problème c'est qu'il y a ceux qui rament, et les autres qui donnent des coups de fouet !

Ceux qui passent par dessus bord pendant ce trop long voyage qui mène au pays infernal de l'accumulation. 

Ainsi le « peuple » est-il ressuscité avec ses rêves de grands murs et de fichages génétiques.  

Ce « peuple » a souvent la peau blanche, c'est souvent un homme blanc, il ne manque plus qu'il soit blond, mais finalement peu importe, la fiction recouvre de son voile opaque les rapports de classes, pour un moment, un de plus.  

Les histoires c'est bon pour le «peuple» masse indistincte et informe, malléable et dominée qui ne rêve finalement que d'une chose c'est qu'on lui foute la paix.  

Après le fix démocratico-républicain, le capitalisme (le meilleur des racismes et des autoritarismes) s'occupe de remettre chacun à sa place.  

Vous avez dit exploité ? dominé ? humilié ? méprisé ? Tu es courbé toute la journée pour un patron, et la logique d'accumulation du capital pour sa, LA rentabilité ceci avec efficacité ? Tu as un travail de merde, sans but, ni logique ? Tu perds ta vie à survivre ?  Peu importe ! Tu fais parti du «peuple» et la nation est la pour te protéger.  

La nation qui tapine encore une fois le « bon peuple » pour la prochaine conflagration mondiale (la guerre économique de tous contre tous) et lui fait admettre, qu'il y a pire ailleurs, qu'il faut être réaliste, qu'il nous faut être compétitif, et : Qu'est-ce qui va faire marché ma climatisation en été ? Il faut bien que « Nous » allions chercher « notre » uranium ! Vendre des armes pour «notre PIB » et nos retraites. Sandwiche ou bol de riz ?

Le « peuple » il veut partir quand il veux à la retraite, il veux être libre, il paraît. Il va surtout être libre de partir avec une retraite de merde. Et être encore plus libre de crever dans la rue, ou d'être libre de travailler jusqu'à 80 ans, pour une autre partie du même « peuple» et de sa même nation.  

Il est sympa « le peuple » surtout parce qu'il n'existe pas. Il regroupe tellement de monde qu'on ne sait même plus de qui on parle, et c'est très bien comme ça...pour certains. 


 

jeudi 22 mars 2012

CREVE de James CARR

"A l'age de neuf ans, j'avais foutu le feu à l'école." James Carr avait commencé très jeune à se battre dans les ghettos noirs de Los Angeles. Il fut arrêté une première fois, encore enfant, pour un homicide, puis conduit en prison pour diverses attaques à main armée, après une courte période de liberté surveillée. Il passa la majeure partie de sa vie sous les verrous, de maisons de redressement en camp de travail, de dépôts en centrales pénitentiaires, de Soledad à San Quentin.

Crève ! est son autobiographie le récit d'une lutte à mort contre toutes les autorités qui voulurent l'encadrer et le conduire dans le droit chemin; éducateurs, psychologues, juges, policiers et matons. Refusant toutes formes de soumission, il parvint à survivre à l'horreur de la vie carcérale, aux émeutes raciales soigneusement entretenues par l'administration pénitentiaire, aux meurtres, aux punitions et traitements de choc qu'on lui infligea et devint l'un des plus notoires agitateurs que pouvait compter l'effervescent univers pénitencier de l'Etat de Californie dans les années soixante.

A sa sortie de prison, il entreprit de raconter sa révolte et d'écrire son livre avec l'aide de deux amis et de sa femme. 

Il l'avait à peine terminé quand il se fit abattre, dans la rue, devant sa maison, par des inconnus.

Publié aux EU sous le titre de BAD en 1975

Editions Stock 1978 ou Ivrea 1994. 

jeudi 8 mars 2012

Contre le mythe autogestionnaire

contre le mythe autogestionnaire
Ce texte est une tentative d’élaborer une critique de cette perspective largement répandue aujourd’hui dans les milieux militants qui se revendiquent, du moins formellement, de la nécessité de changer radicalement le monde. Outre le mensonge de leur discours, leur pratique montre clairement leur réel positionnement dans la guerre de classe. A travers l’analyse des exemples-phares autogestionnaires que sont l’Espagne en 1936, l’atelier Lip à Besançon en 1973 et l’Argentine depuis décembre 2001, notre volonté est de montrer en quoi la perspective de gestion des processus productifs et d’échange est un arrêt du processus révolutionnaire, un renforcement de l’ordre établi qui renvoie le prolétariat à la seule place que lui laisse le capital, celle de producteur de valeur quitte à lui laisser le rôle de gestionnaire pendant un temps ! Les expériences alter éco sympa en pleine paix sociale n’ont rien de contradictoire, elles sont des entreprises capitalistes sans ambiguïté. Ce qui nous questionne, c’est l’antagonisme qui traverse tout mouvement de classe dans sa dynamique combative, vivante et donc profondément contradictoire. Ces luttes sont l’expression d’une classe qui vit et combat contre la dictature de l’économie, et ont pu servir de vague sur laquelle ont surfé avec prestige les plus fieffés sociaux-démocrates, nous vendant leur soupe pour alimenter nos propres faiblesses et contradictions. Leur activité contre-révolutionnaire consiste précisément en cela.


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