mardi 18 février 2014

PORTUGAL : Quels conseils ouvriers ?

PORTUGAL : Quels conseils ouvriers ?


(Editorial du journal portugais 
«Combate» N° 27 du 17 au 31 juillet 1975)


Le mouvement ouvrier avant et après le 25 avril

Jusqu'au 25 avril, on peut affirmer catégo­riquement que les classes laborieuses au Por­tugal eurent peu de possibilités, dans les luttes qu'elles engagèrent contre le capita­lisme (pendant toute la période fasciste), de connaître et d'affronter les structures de type parti ou syndicat qui s'intitulent représen­tants et défenseurs de la classe ouvrière.
Cet aspect est assez significatif, dans la me­sure où il aide à comprendre la cause de l'es­sor de grèves radicales et autonomes que la classe ouvrière déchaîna après le 25 avril. Ce fut justement parce qu'il n'y avait pas de structures organisatrices de type partis et syn­dicats qui canalisent les luttes ouvrières pour la «stabilité de l'économie nationale», comme c'est le cas le plus flagrant de l'action de l'intersyndicale et du P.C.P. après le 25 avril, que la radicalisation de l'action auto­nome des travailleurs put atteindre des pro­portions jamais imaginées.
L'irruption des revendications, qui es­sayaient de réduire avant tout la situation de misère dans laquelle se trouvaient les travail­leurs portugais, dépassa très vite ce stade re­vendicatif pour se transformer en une atta­que frontale contre les structures de base du capitalisme.
Aux objectifs d'apparence révolution­naire , comme la lutte des travailleurs pour la diminution de l'éventail des salaires, s'ajou­tèrent des formes d'organisation directe et dé­mocratique : les Assemblées générales de tra­vailleurs.
Comme il importait surtout à l'intersyndicale et au P.C.P. de canaliser ce mouvement vers des objectifs réformistes, la rupture surgit. Ainsi naquit un mouvement autonome et spontané, qui était en même temps l'expression d'une nécessité révolution­naire contre l'exploitation capitaliste et si­multanément contre les organisations qui em­pêchaient ces objectifs.
Les Assemblées générales représentèrent un pas assez important vers l'émancipation des travailleurs car elles étaient l'émanation directe des nécessités de tous les travailleurs.

Les Commissions de travailleurs, élues dans les luttes, reflètent l'apparition du noyau le plus radical d'ouvriers. Alors que les travailleurs élus pour les Commissions de travailleurs étaient l'expression des nécessi­tés des luttes sur les lieux de travail, un autre mouvement s'étendit et se radicalisa, don­nant naissance aux Commissions inter-entre-prises.